Dernier convoi pour Dire Dawa
Je n’ai plus faim
Je ne veux plus d’eau
J’avoue que je suis loin
D’un pêcheur des rives bozos
Par grappes, les soldats en treillis
Avisent les femmes aux frusques salies
D’un enfant qui me demande
Je détourne mes yeux en amande
Ils broutent et puis ruminent
L’impossible horloge rouge
Qui crépite au feu d’albumine
Des traverses sans fauteuil lounge
Ils sont bleus, employés du CDE
Blouses déboutonnés et ventres creux
Sept femmes, une portant un panier
Viennent enquérir le départ espéré
Un petit balloté dans le dos maternel
Est une saucisse frisée de dédain pur
Dawa des Français, désert perdu de Babel
Tant l’idéal est dévoré par les murs
Encore une heure de siège misère
Avec un oulipo manchot pour boussole
Il pourrait y avoir une belle guerre
Pour ébranler cette torpeur molle
Comme l’entonnoir et la clepsydre
La minute rédigée des doutes autochtones
Cisèle mon regard porté vers l’idiote mitre
D’un guide pas plus réel que sonotone
Ils entassent peu à peu les sacs en plastic
Sous les ombres portées des busards fameux
Et trainent leurs tissus cachés des flics
Jusqu’à l’office du guichet en acacia poreux
Je rêve des regards somalis vus hier
Grosses lèvres percées d’or, trésor bouche
Ces parcs pour mustangs éventrés
M’agitent, me pressent les côtes et les dents.